Encore un petit déjeuner aux couleurs des fruits. Le propriétaire a même trouvé du jus de pomme pour Lucille, visiblement en Polynésie c'est rare comme produit.
On embarque livres, crème et anti-moustique mais nous n'aurons besoin de rien, car 1. le tour était à 100% intéressant, 2. il a plu la moitié du temps et 3. nous étions protégés dans le truck lorsque l'humidité dépassait une certaine limite. La clim à fond dans le véhicule, ce n'est pas la première fois que je remarque cela, je suppose que ça fatigue les moustiques... ?
Nous ne sommes que quatre passagers, nous et une vieille parisienne qui photographie beaucoup et ose plein de questions.
Nous commençons par le port de rénovation des bateaux qui est fameux dans le monde. Notre guide Christian nous parle de ce polynésien navigateur dont j'ai déjà oublié le nom qui a fait demi-tour devant la ligne d'arrivée de la course alors qu'il était premier. Son bateau est toujours là. Nous allons visiter les tri-coques en location, tarifs avantageux et confort maximal. Micro-ondes, four, barbecue, quatre douches, non cinq avec celle du pont arrière, clim, salon 1, 2, 3 etc. Le trois-cabines, dont une suite, est pas mal non plus même si petit.
Direction Uturoa, notre guide nous montre les jolis graphes du fret, quelques boutiques, le marché, les magasins chinois où l'on trouve tout, et nous laisse faire nos emplettes. C'est la première fois qu'un guide n'impose rien, il montre et s'en va.
J'ai quelques difficultés au distributeur, je panique un peu car je n'ai pas assez pour payer le tour, mais heureusement l'argent coule au distributeur suivant. Mémo : éviter la Sogredo.
Nous filons vite nous acheter bracelets vanille et collier de nacre, puis retour au truck pour la suite du tour.
C'est chouette ce tour, on voit plus de choses sur la vie à Raiatea, le collège, le lycée, avec les élèves et les salles ouvertes aux quatre vents pour éviter la chaleur, les temples et les églises, la politique, les bus dans lesquels on s'assoit en attendant que le chauffeur veuille bien démarrer. Ici impossible de ne pas aller à la messe le dimanche, il faut appartenir à un groupe, mais si c'est par défaut, éviter de choisir les mormons, car la cérémonie dure cinq heures et il faut donner un pourcentage de son salaire, par contre ils ne battent pas leur femme avec leur bière du vendredi soir. Je résume car notre guide, ancien journaliste originaire de métropole, a essayé toutes les églises en arrivant.
Nous visitons une ferme familiale (fruits, vanille, perles) qui nous accueille avec des explications très claires sur la culture des perles et presque une démo : la donneuse, la receveuse, le nucléus, le greffon qui est au bout du manteau sur la donneuse, les instruments pour ouvrir sans déchirer le muscle, la gonade, la greffe, les rejets... C'est mille fois plus intéressant que la visite de la ferme perlière sur Huanine où les explications duraient une minute puis direction la boutique. Ici notre guide prend le temps, nous pose des questions et répond aux nôtres, c'est un vrai cours, presque particulier en plus.
Nous avons aussi eu la chance de voir la fécondation d'une fleur de vanille qui ne vit que sept heures, la femme attrape le pollen pour le poser dans la fleur, l'acte est hyper minutieux et c'est moi qui dit ça. Je n'imaginais pas une telle délicatesse, impressionnant !
Les toilettes sont originales, mais à l'image du lieu.
Achat de vanille, monoï et huile de tamanu, dont on nous promet des miracles mais si cela est vrai on ne pourra pas en acheter à notre retour... D'ailleurs la vanille non plus n'est pas exportée, à part pour les grands chefs cuisiniers qui ne veulent que celle-là pour sa tenue en bouche.
Nous repartons en longeant la côte vers le Sud. La municipalité est ici chinoise, le maire a plein d'idées astucieuses, il pose des toits d'abribus que les habitants peuvent déplacer à loisir et lorsque c'est stable il les installe aux endroits choisis. Cela sert aussi d'argument électoral car on voit plus loin deux abribus espacés de seulement trois mètres, chacun des voisins voulant le sien.
Nous arrivons au site de cérémonie Marae, le berceau de la civilisation Ma'chi, pique-nique sympathique avec de délicieux sandwichs au thon, préparés par la femme de Christian, et plein de fruits frais. Visite guidée du site avec le détail des idées de l'architecte car c'est un site rénové. En effet les missionnaires n'aimaient pas les choses sacrées et ils ont tout détruit en arrivant, même les arbres à tamanu, ce qui est regrettable aujourd'hui.
De grandes dalles formées par la barrière de corail sont posées verticalement. On ne sait pas aujourd'hui comment les anciens ont réussi à les découper et les sortir de l'eau. Le site est ouvert aux vents, une pointe de terre sur le lagon avec des marae dallés de pierres volcaniques. L'architecte a mis des bambous par terre pour délimiter et signifier aux jardiniers de ne pas entretenir le littoral afin que la nature lui redonne son cachet d'origine.
Notre guide nous présente toutes les fleurs et les arbres, mais je ne retiens que très peu de noms.
Nous repartons vers le Sud encore, la civilisation disparaît. Les points de vue sont jolis et la végétation dense.
Nous apprenons des tas et des tas de détails sur la faune et la flore, les cultures. Nous visitons notamment une toute petite partie des plantations de salades hydroponiques pour les touristes de Bora Bora.
La rivière soit-disant navigable est une arnaque, heureusement que nous n'avons pas choisi cette expédition-là, ça me tentait bien mais la partie sur la rivière est vraiment courte, on en voit le bout en traversant le pont.
Christian continue le tour de l'île, nous apprenons beaucoup sur la vie des polynésiens, des petits détails comme :
- Le fait que les cimetières n'existant pas, les tombes sont dans les jardins, voire devant la porte d'entrée.
- L'électricité prépayée comme des unités de téléphone instaurée par le maire tahitien.
- Pas d'abattoirs, de stérilisation, de corps tués, donc la viande est toujours importée, même le poulet alors qu'on voit beaucoup de poules et de coqs, eux sont surtout élevés pour les combats ! Chaque enfant grandit avec le sien.
- On voit beaucoup de chiens errants, en fait ce sont des chiots abandonnés lorsqu'ils grandissent. A Raiatea le problème des dangereuses meutes de chiens sauvages est moindre qu'à Bora Bora car les chinois, plus présents sur Raiatea, les attrapent, les cuisinent et les vendent à prix d'or (c'est interdit donc recherché).
- Les boîtes allongées devant les maisons ne sont pas de drôles de boîtes aux lettres, c'est pour déposer la baguette, fabriquée par les chinois qui se lèvent très tôt pour faire le tour de l'île avec leur pain frais.
- Pas de facteur, le courrier est distribué par la police municipale qui est "fui", c'est-à-dire, en polynésien, désabusée, et prend donc son temps. Ainsi toute personne qui veut recevoir son courrier à temps a une boîte postale à la Poste, où on voit des milliers de petits coffres.
La journée s'achève vers 17h, je ne pourrai jamais écrire dans le cahier tout ce que j'ai appris et vu lors de ce tour fabuleux...
Coucher de soleil. L'hôtel porte bien son nom car malgré les nuages c'est somptueux.
Pâtes à la tomate, lecture et dodo !